Des interrogations surviennent après l’annulation de projets de location de centres de données par Microsoft. La belle GenAI serait-elle en train d’éclater ?

Un rapport de TD Cowen indique que Microsoft s’est retirée des documents négociés et signés en amont des contrats de location d’espaces dans des centres de données. L’éditeur ralentit ou réoriente ses projets de construction de centres de données, signe, selon les analystes de la maison de courtage TD Cowen, que l’entreprise « est potentiellement dans une position d’offre excédentaire ». Hier, Bloomberg a rapporté que, d’après les enquêtes qu’elle a menées auprès des fournisseurs de la chaîne d’approvisionnement, TD Cowen, une division de TD Securities, a conclu que « le plus grand bailleur de fonds d’OpenAI avait annulé des baux totalisant quelques centaines de mégawatts de capacité ». Selon l’article, tout retrait de Microsoft soulève la question de savoir si l’entreprise « est de plus en plus prudente quant aux perspectives de la demande d’IA ».
Dans le rapport publié vendredi, les analystes Michael Elias, Cooper Belanger et Gregory Williams ont indiqué que Microsoft avait « réduit la conversion des déclarations de qualification (Statements of Qualification, SOQ) en contrats de location et avait réaffecté une part considérable de ses dépenses internationales aux États-Unis. » Ils poursuivent en disant que : « Si l’on ajoute à cela nos vérifications antérieures sur les channels de distribution, cela indique une position d’offre excédentaire potentielle pour Microsoft ». Les auteurs ont aussi écrit : « Nous ne savons pas encore s’il s’agit simplement d’un retard dans la conversion du SOQ en contrat de location, ou s’il s’agit d’une résiliation pure et simple du SOQ sans conversion prévue en contrat de location ». Ils précisent : « D’après nos vérifications, un SOQ énonce les termes et conditions du bail et ne constitue pas un contrat de bail, mais le taux de conversion des SOQ en bail signé est proche de 100 %, les opérateurs de centres de données utilisant cet indicateur pour commencer la construction de centres de données ».
Des investissements plus mesurés
Hier, un porte-parole de Microsoft a déclaré que « grâce aux investissements importants que nous avons réalisés jusqu’à présent, nous sommes bien placés pour répondre à la demande actuelle et croissante de nos clients. Sur la seule année 2024, nous avons augmenté notre capacité comme jamais auparavant. Même si nous pouvons procéder à des ajustements stratégiques de notre infrastructure dans certaines régions, nous continuerons à croître fortement dans toutes les régions. ». Toujours selon le porte-parole, « cela permet à Microsoft d’investir et d’allouer des ressources à des secteurs de croissance pour son avenir. Notre projet de dépenser plus de 80 milliards de dollars en infrastructures au cours de l’exercice fiscal en cours reste d’actualité alors que nous continuons à croître à un rythme record pour répondre à la demande de nos clients. »
Lorsqu’on lui a demandé de réagir à ces résultats, John Annand, responsable de la recherche sur les infrastructures et les opérations chez Info-Tech Research Group, a répondu que l’entreprise « couvrait ses paris », rappelant un blog publié le mois dernier par le président de Microsoft, Brad Smith, où il réaffirme l’objectif de 80 milliards de dollars d’investissements dans l’IA en 2025, dont 40 milliards de dollars aux États-Unis. « Pourquoi louer quand on peut construire/acheter sa propre technologie ? », s’est-il demandé. Au cours des quatre dernières années, « Microsoft a loué plus de centres de données qu’elle n’en a possédés. Peut-être justifie-t-elle cela par le fait que les bailleurs sont en retard dans la fourniture des installations ou des mises à niveau électriques nécessaires pour rééquilibrer ce ratio. Le facteur limitant pour les centres de données a toujours été la disponibilité de l’énergie, et cela ne fait que s’accentuer avec les charges de travail d’IA gourmandes en énergie. » M. Annand rappelle que « l’entreprise a fait des déclarations très publiques sur la possession de centrales nucléaires pour répondre à cette demande. Si les opérateurs de datacenters tiers ont du mal à fournir à Microsoft l’énergie nécessaire à leur fonctionnement, il serait logique que Microsoft intègre verticalement sa chaîne d’approvisionnement, c’est-à-dire qu’elle annule les contrats de location ou les déclarations de qualification pour investir de préférence dans la construction de sa propre capacité. »
Le projet Stargate mobilise les fonds
À propos du rapport, Tony Harvey, analyste chez Gartner, estime pour sa part que beaucoup de ces informations sont encore des spéculations. « Microsoft n’a pas encore déclaré qu’elle réduisait ses dépenses d’investissement, et l’entreprise a fermement réfuté des rapports affirmant qu’elle change sa stratégie en matière de centres de données », a-t-il déclaré. « L’entreprise, comme tout autre hyperscaler, devra équilibrer ses prévisions d’offre et de demande et, pour l’instant, il semble que c’est ce qu’elle fait. Le projet Stargate et l’implication d’OpenAI avec Oracle et Softbank y sont pour quelque chose, mais il semble aussi qu’ils réaffectent les dépenses d’investissement à différents endroits », a-t-il indiqué. M. Harvey prédit que « dans l’ensemble, la construction de centres de données pour l’IA et le cloud devrait se poursuivre, tous les hyperscalers continuant à consacrer plusieurs milliards de dollars en dépenses d’investissement dans les centres de données. »
Article rédigé par: Paul Barker, IDG NS (adapté par Jean Elyan)
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