Dans un contexte marqué par des mutations socio-économiques et technologiques accélérées, les gouvernements sont de plus en plus appelés à concevoir et à mettre en œuvre des programmes ambitieux pour répondre aux attentes des populations. Le Sénégal, sous l’impulsion de ses autorités, a récemment lancé une initiative structurante : le New Deal Technologique.
Ce programme, aussi visionnaire soit-il, ne saurait atteindre ses objectifs sans une stratégie de communication institutionnelle robuste et bien articulée.
Rappelons que la communication institutionnelle se définit comme l’ensemble des actions et des outils mis en place par une organisation (en l’occurrence l’État) pour informer, expliquer et mobiliser autour de ses missions, ses valeurs et ses projets. Elle ne se limite pas à une simple diffusion d’informations, mais vise à créer un lien de confiance entre l’institution et ses publics. Dans le cas des programmes gouvernementaux, elle joue un rôle clé dans la légitimation des politiques publiques, la mobilisation des acteurs et la construction d’une vision partagée.
Le New Deal Technologique est une initiative qui s’inscrit dans une perspective de long terme. Son succès dépendra en grande partie de la capacité de l’État à expliquer leurs enjeux, à rassurer sur sa faisabilité et à susciter l’adhésion de toutes les parties prenantes (citoyens, secteur privé, partenaires internationaux, etc.). Sans une communication bien pensée, cette nouvelle approche risque de rester incomprise, voire contestée, malgré son potentiel transformateur.
Les programmes comme le New Deal Technologique touchent à des domaines complexes (innovation, numérique, transformation économique). Une communication bien structurée doit permettre de vulgariser ces concepts pour les rendre accessibles à tous les publics. Il s’agit de transformer des idées techniques en messages clairs et engageants, afin de favoriser la compréhension et l’appropriation. Au demeurant, pourquoi ne pas lui trouver un nom dans une de nos langues nationales comme le wolof afin de permettre une meilleure appropriation.
Nous savons tous que la communication institutionnelle ne se contente pas d’informer ; elle doit aussi fédérer. En utilisant des récits mobilisateurs et en mettant en avant les bénéfices concrets des programmes, elle peut susciter l’enthousiasme et l’engagement des citoyens. Par exemple, l’initiative New Deal Technologique gagnerait à être présentée comme un projet collectif, où chaque Sénégalais a un rôle à jouer.
Tout programme ambitieux pouvant faire l’objet de critiques ou de malentendus, une stratégie de communication proactive permet d’anticiper les controverses, de répondre aux interrogations et de maintenir la crédibilité des autorités. Elle doit inclure un volet de communication de crise pour gérer les situations imprévues.
Ainsi pour accompagner le New Deal Technologique, un plan de communication est nécessaire.
Pour cela, il faudra procéder à une analyse approfondie des publics cibles et segmenter les publics (jeunes, entrepreneurs, partenaires internationaux, etc.) et d’adapter les messages à chaque groupe. Par exemple, les jeunes pourraient être particulièrement sensibles à des campagnes axées sur les opportunités d’emploi dans le secteur technologique.
La communication institutionnelle doit aussi exploiter tous les canaux disponibles : médias traditionnels (presse, radio, télévision), réseaux sociaux, sites web, événements publics, etc. Une présence digitale forte est indispensable pour toucher les jeunes et la diaspora.
Cette communication ne doit pas être à sens unique. Elle doit inclure des mécanismes de dialogue et de feedback, comme des consultations publiques, des sondages ou des espaces d’échange en ligne. Cela renforce la transparence et la légitimité de la nouvelle approche.
De manière plus pratique, nous convenons tous que notre pays dispose d’atouts indéniables pour réussir sa communication institutionnelle : une population jeune et connectée, une diaspora influente, et des médias dynamiques. Cependant, pour maximiser l’impact du New Deal Technologique, il est crucial de :
Intégrer la communication dès la conception des projets : elle ne doit pas être une réflexion après coup, mais un élément central de la stratégie.
Mobiliser des experts en communication : des professionnels capables de concevoir des campagnes innovantes et adaptées aux réalités locales.
Créer des synergies avec le secteur privé et la société civile : des partenariats stratégiques peuvent amplifier la portée des messages.
Pour illustrer l’importance d’une communication institutionnelle efficace autour du New Deal Technologique, il est utile de s’inspirer d’exemples réussis à l’échelle internationale. Ces cas démontrent comment une communication bien pensée peut transformer des programmes étatiques en succès retentissants.
Prenons le cas du Rwanda qui a lancé une ambitieuse stratégie de transformation numérique, visant à faire du pays un hub technologique en Afrique. Pour accompagner cette initiative, le gouvernement a mis en place une campagne de communication multicanale, incluant des vidéos explicatives, des partenariats avec des influenceurs locaux et des événements publics. Cette communication a permis de mobiliser les citoyens, d’attirer des investisseurs étrangers et de positionner le Rwanda comme un leader en matière d’innovation.
Que dire de l’Estonie ? Elle est souvent citée en exemple pour sa transition réussie vers une société numérique. Le gouvernement a accompagné cette transformation par une communication claire et transparente, expliquant les avantages concrets pour les citoyens (e-services, gain de temps, etc.). Des campagnes de sensibilisation ont été menées pour familiariser la population avec les nouveaux outils, et des formations ont été offertes pour réduire la fracture numérique.
Ces exemples montrent que, même dans des contextes complexes, une communication bien structurée peut faire la différence. Notre pays peut s’en inspirer pour renforcer l’impact de ses propres initiatives.
La communication n’est pas un coût, mais un investissement. Elle permet de construire la confiance, de mobiliser les énergies et de garantir que les programmes étatiques soient compris, acceptés et soutenus par tous. En intégrant la communication au cœur de sa gouvernance, le Sénégal peut non seulement réussir ses projets, mais aussi renforcer son image à l’échelle nationale et internationale.
Souleymane Ly
Spécialiste en communication
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